Les premiers fruits
En Afrique, l'accroissement du nombre des Chrétiens durant le deuxième siècle était si dynamique qu’il encra le christianisme sur le continent, et entraîna naturellement un développement des institutions et des services de l'Église. Baptisés dans le sang de la persécution, les croyants se tenaient fermes dans leur foi, comme le déclara Tertullien: "Plus vous nous fauchez, plus vous nous multipliez: c'est une semence que le sang des Chrétiens."
En effet, entre 218 et 222, les communautés chrétiennes étaient devenues si importantes qu’Agripinus, premier évêque connu de Carthage, parvint à réunir le premier concile africain formé de 70 évêques d’Afrique proconsulaire et de Numidie. Entre 256 et 300, le nombre d’évêchés doubla.
Des communautés chrétiennes s’établirent aux portes du désert, et l'Aurès et la Kabylie reçurent pour la première fois l'Évangile. Des populations chrétiennes s’installèrent dans les oasis du Djérid. La foi chrétienne pénétra dans les tribus de l'Aurès et du Zab. En Mauritanie césarienne, les Zenata, qui peuplaient la région sud de Tlemcen, professèrent le christianisme. La confédération des Auraba fut également convertie.
Vers 260, Gallien arrêta les poursuites contre les Chrétiens, ce qui entraîna une période de paix pour l’Église. L’édit de tolérance permit à l’Église africaine de continuer à se développer dans les provinces, tout en voyant le nombre de ses fidèles augmenter.
Les premiers martyrs
En 180, la province proconsulaire de l’Afrique du Nord était administrée par Vigellius Saturninus qui d’après Tertullien« fut le premier à tirer le glaive contre les chrétiens». Les premiers martyrs Africains forment deux groupes distincts : l’un de Scilli, l’autre de Madaure.
Douze chrétiens furent mis à mort le 17 juillet 180 à Scilii. D’après le procès-verbal de l’interrogatoire les six hommes et les six femmes s’appelaient : Aquilinus, Nartzalus, Speratus, Donata, Cittinus, Secunda, Vestia, Veturius, Felix, Generosa et Januaria.
Au proconsul Vigellius Saturninus, qui lui ordonna d’abandonner sa croyance, Speratus répondit: « Nous ne craignons personne. Si ce n’est le Seigneur notre Dieu, qui est au Ciel. »
Les martyrs de Madaure étaient quatre, dont deux d’origine punique : Miggin, Sanamé, Lucitas et Nomphano.
Le 7 mars 203, six chrétiens furent mis à mort à Thurburo Minus. Parmi eux se trouvait une jeune fille de l’aristocratie : Vibia Perpetua. Deux de ses compagnons Secondulus et Saturninus étaient des hommes libres et deux autres Revocatus et Félicité étaient des esclaves. Le sixième, Saturus, s’était livré, pour partager le sort de ses frères. Leurs tombes furent retrouvées, en 1906 à Carthage sous la basilica majorum. Ces exécutions marquèrent le début d'une lutte engagée, en Afrique comme ailleurs dans l'Empire, par le paganisme officiel contre le christianisme. Malgré cela plus rien n'arrête la parole du Christ.